Réouverture de la ligne Aix-Rognac : une nouvelle impulsion pour la mobilité en Provence ?

La ligne ferroviaire Aix-Rognac, fermée à la circulation des voyageurs depuis les années 1930, pourrait bientôt retrouver une nouvelle vie. Longtemps mise de côté, cette voie pourrait offrir une alternative efficace et écologique à la voiture, dans un contexte où la mobilité durable est devenue un enjeu majeur.

Un projet ambitieux au cœur de la transition écologique :
La ligne Aix-Rognac s’étend sur une trentaine de kilomètres, reliant la ville universitaire d’Aix-en-Provence au bassin économique et industriel autour de Rognac, près de l’étang de Berre. Depuis des décennies, elle est réservée au fret, mais la croissance démographique et les embouteillages chroniques sur les axes routiers voisins (notamment l’A51 et la D9) plaident pour une réhabilitation du transport de voyageurs.

Cette réouverture s’inscrit dans un contexte national de revitalisation des « petites lignes » ferroviaires, soutenue par les engagements de l’État et de la SNCF en faveur d’une mobilité décarbonée. En réactivant cette liaison, les pouvoirs publics espèrent offrir une solution pratique aux usagers tout en réduisant l’empreinte écologique des déplacements régionaux.

Un potentiel économique et social significatif : 
La réouverture de la ligne Aix-Rognac pourrait également être un moteur économique pour la région. Elle permettrait :
– Un accès facilité aux bassins d’emploi : Les travailleurs des zones industrielles de Rognac et de Vitrolles pourraient accéder rapidement à leur lieu de travail depuis Aix-en-Provence.
– Une meilleure connexion pour les étudiants : Aix, avec son campus universitaire attractif, pourrait devenir plus accessible pour les étudiants résidant dans les communes environnantes.
– Un soutien au tourisme local : La proximité de l’étang de Berre et la richesse patrimoniale des villages desservis pourraient attirer davantage de visiteurs.

Des défis techniques et financiers à surmonter :
Cependant, cette réouverture ne va pas sans obstacles. La remise à niveau des infrastructures existantes représente un coût important, estimé entre 80 et 100 millions d’euros selon les premières études. Les voies, les gares et les systèmes de signalisation doivent être modernisés pour répondre aux normes actuelles. De plus, des interrogations subsistent sur le modèle économique : quelles fréquences de trains, quels tarifs, et quelle viabilité à long terme ?

Enfin, des négociations avec les collectivités locales et les habitants seront nécessaires pour intégrer au mieux cette ligne dans le paysage régional sans empiéter sur les espaces naturels sensibles.

Un soutien croissant des citoyens et des associations :
La réouverture de la ligne Aix-Rognac bénéficie déjà d’un soutien notable. Des associations de défense du rail, comme Nostalgie Train Provence, militent activement pour ce projet depuis des années. Elles soulignent l’urgence de désengorger les routes et de réduire la pollution dans cette zone en proie à une forte pression urbaine. Une récente consultation publique a montré un large intérêt de la population locale pour cette initiative.

Calendrier et perspectives : 
Bien que le projet n’en soit encore qu’à ses prémices, des études de faisabilité sont en cours, financées par la Région Sud et la SNCF. Si les résultats sont concluants, les travaux pourraient débuter dès 2026, avec une mise en service envisagée pour 2030.

La réouverture de la ligne Aix-Rognac pourrait transformer les habitudes de déplacement dans la région, en offrant une alternative ferroviaire adaptée aux besoins contemporains. Reste à voir si les ambitions politiques et les financements suivront pour concrétiser ce projet, attendu par de nombreux Provençaux.