Jean Marie Le Pen, membre fondateur du Front National, est décédé à l’âge de 96 ans.

Jean-Marie Le Pen, figure emblématique et controversée de la politique française, est décédé le 7 janvier 2025, à l’âge de 96 ans. Fondateur du Front National, il a marqué des décennies de vie politique en France, incarnant une ligne nationaliste et souverainiste, tout en suscitant des polémiques à travers ses déclarations chocs. Si son parcours est indéniablement celui d’un bâtisseur politique, il est aussi jalonné de dérives idéologiques qui l’ont conduit à de multiples condamnations judiciaires. Retour sur le destin d’un homme dont le nom restera associé aux débats les plus âpres sur l’identité nationale, l’immigration, et la mémoire historique.

Une santé déclinante et une fin sous tutelle juridique

Ces dernières années, Jean-Marie Le Pen avait considérablement réduit ses apparitions publiques en raison d’une santé déclinante. En avril 2023, il avait été hospitalisé en urgence pour un malaise cardiaque. Malgré un rétablissement temporaire, il est resté sous surveillance médicale jusqu’à sa mort.

En février 2024, ses filles, Marie-Caroline, Yann et Marine Le Pen, ont obtenu la mise sous tutelle juridique de leur père, jugeant qu’il n’était plus en mesure de gérer ses affaires personnelles. Cette mesure marquait symboliquement la fin d’une époque : l’homme fort de l’extrême droite française devenait peu à peu un spectateur de la vie politique qu’il avait contribué à façonner pendant des décennies.

Un parcours militaire marquant

Né le 20 juin 1928 à La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan, Jean-Marie Le Pen perd son père, marin-pêcheur, à l’âge de 14 ans. Cet événement tragique forgera son caractère et sa vision patriotique.

Après des études de droit, il s’engage dans l’armée et participe à plusieurs conflits majeurs, notamment les guerres d’Indochine et d’Algérie. Ces expériences militaires le marquent profondément et nourrissent son nationalisme fervent. De retour en France, il se lance en politique, motivé par une volonté de défendre les valeurs qu’il considère comme fondamentales : la nation, l’ordre, et la tradition.

La fondation du Front National et l’ascension politique

En 1972, Jean-Marie Le Pen fonde le Front National (FN) avec l’objectif de rassembler les forces nationalistes et d’extrême droite. Pendant les premières années, le parti reste marginal, mais la situation change à partir des années 1980. Avec un discours centré sur l’immigration, la sécurité, et l’identité nationale, Jean-Marie Le Pen parvient à capter une part croissante de l’électorat.

Son plus grand succès électoral survient en 2002, lorsqu’il atteint le second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac. Ce séisme politique bouleverse le paysage français et provoque une mobilisation massive contre lui au second tour. Chirac l’emporte largement, mais l’événement marque une victoire symbolique pour Le Pen et son parti.

Des déclarations polémiques et des condamnations judiciaires

Jean-Marie Le Pen est aussi connu pour ses nombreuses déclarations polémiques. Il a été condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale, notamment pour avoir qualifié les chambres à gaz de « détail de l’histoire ». Ces propos lui vaudront une exclusion du Front National en 2015, alors dirigé par sa fille Marine Le Pen, dans le cadre d’une tentative de dédiabolisation du parti.

Malgré ces controverses, Le Pen a toujours revendiqué la liberté d’expression, affirmant qu’il était victime d’une persécution politique orchestrée par les médias et les élites.

Une influence persistante, même après son retrait de la vie politique

En 2011, Jean-Marie Le Pen passe le flambeau à sa fille Marine, qui prend la tête du Front National. Il continue cependant à intervenir dans les débats publics jusqu’à son retrait progressif de la vie politique. En 2019, il quitte définitivement la scène politique en mettant fin à son mandat de député européen, poste qu’il occupait depuis 1984.

Malgré son retrait, son influence reste palpable dans la droite radicale française. Marine Le Pen, sous une forme plus modérée, poursuit le combat idéologique initié par son père, rebaptisant le Front National en Rassemblement National (RN) pour attirer un électorat plus large.

Un héritage politique controversé

Le décès de Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui un héritage complexe. Il est considéré par certains comme un patriote ayant osé poser des questions taboues sur l’immigration et l’identité nationale. Par d’autres, il est vu comme un symbole de l’extrême droite xénophobe et rétrograde.

Son influence dépasse les frontières de la France. Des figures politiques européennes comme Matteo Salvini en Italie ou Viktor Orbán en Hongrie revendiquent des idées proches de celles défendues par Jean-Marie Le Pen.